IN PAKISTAN WE TRUST
- on 09.17.10
- Pakistan
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Le slogan revient toujours, placarde en banderolles pare-soleil sur les bus et les mini-bus : `In God we trust`, `In Allah we trust`. Mais tout autant qu ils croient en Dieu, nous on croit en leur gentillesse, leur generosite, leur accueil, leur curiosite, leur volonte de s eduquer, de se developper et surtout de montrer au monde ce qu ils ne sont pas : de cruels et barbares terroristes.
Les pakistanais sont furieux contre les medias qui leur ont vole leur ame et ils ont raison. Durant ces quelques semaines, a aucun moment nous ne nous sommes sentis en insecurite. Bien au contraire, chaque jour a apporte son lot de pakistanais qui nous offraient des boissons fraiches, qui nous invitaient chez eux, qui nous guidaient ou alors qui circulaient au coude a coude en petite moto pour taper la discut.
Bon OK, on a bien croise quelques allumes a la barbe touffue et au regard passionne qui faisaient de longs discours enflammes en ourdou, exclusivement pour Gael, et ignorant superbement Caro. Les traductions etaient toutes les memes : il n y a qu un seul Dieu, qui a cree Adam et Eve, et qui a drolement bien fait son boulot. Le Darwinisme ? Connais pas ! Et ca dure, et ca dure… Le discours se conclut invariablement par un `Do you agree with me ?` Que repondre d autre que `Yes, of course !` Alors tout content, l allume s en va pour revenir plus tard charge de boisson, fruits, gateaux. Gael a meme eu le droit a une petite bouteille de parfum !
C est sur que quand on se trouve au Pakistan en plein Ramadan, la religion prend toute la place dans le quotidien. Le soleil se leve tot et se couche tard en ete, avec interdiction de manger entre les deux. Il fait chaud, et meme tres chaud dans certaines zones, les musulmans n ont meme pas le droit de boire de l eau… Il faut les voir, le soir, en attendant l appel du muezzin, comment ils pelent et coupent soigneusement en morceaux leurs pommes et bananes, les disposent dans la corbeille, se versent de l eau dans un verre, quelques dattes dans un bol, le paquet de cigarettes a portee de main. 5, 4, 3, 2, 1… Les haut-parleurs de la mosquee crachottent un chant melodieux, c est la delivrance, go !!
Mais pour deux cyclos qui pedalent dans le pays pendant cette periode particuliere, cela signifie qu il est impossible de trouver du pain avant 18H00, ni de rencontrer un cafe ouvert tant qu il fait jour ! On se fait aussi discrets que possible quand on se prend un encas ou qu on pique-nique sur la route.
De Gilgit a Islamabad, la KKH continue son chemin a flanc de montagnes puis de collines. Au nord de la vallee Kaghan, les paysages sont de type alpins, on se croirait arrives en Suisse, mais voila que deboulent trois gars au regard clair et a la barbe noire, drapes d une couverture et coiffes d un chapeau a la Massoud. Les femmes aux robes de couleurs eclatantes lavent linge et vaisselle dans les ruisseaux. Les familles vivent dans des cabanes sombres et terreuses. Les buffles paissent paisiblement. Les enfant accourent a notre arrivee et nous regardent passer avec de grands yeux etonnes… On n a pas vu d ecole dans cette region.
La piste voit passer caravanes d anes charges et camions ultra-decores. Cette piste qui continue a nous rincer : passages sablonneux, trous, cailloux, gues a traverser, gadoue ou la seule solution pour avancer est de mettre les deux pieds dedans. La fatigue se fait sentir pour les velos aussi : 5 rayons de casses en 2 jours, piece qui tient le porte-bagage cassee et a ressouder, crevaisons, patins de freins uses en un rien de temps… Pouf ! Ca se merite ! In Asphalt we trust ! Asphalt power !! Forcement quand le goudron fait sa reapparition, c est du bonheur, on avance beaucoup mieux, meme si les montagnes russes continuent !
A Islamabad, nous retrouvons de nouveau notre copain Asif. C est genial car on peut discuter de tout avec lui. Tres croyant et passionne par le journalisme, il a plusieurs combats : denoncer la corruption des institutions du pays, temoigner du rejet des talibans par une ecrasante majorite de la population et promouvoir l education pour tous : filles comme garcons.
C est avec un petit pincement au coeur que nous filons sur les dernieres kilometres au Paki. D Islamabad a Lahore on est dans la plaine, le climat est chaud et humide. Paysages de rizierse et buffles pataugeant dans des mares de boue. La route est tres encombree et les passages dans les grandes villes sont plutot sport. Il faut jongler et slalomer entre les bus, camions, voitures, motos, velos, rickshaws, charettes tirees par anes et chevaux, pietons, plus tous ceux qui arrivent en contre-sens, plus tous ceux qui s arretent brusquement ou qui ralentissent pour nous regarder passer, plus tous ceux qui se collent pour pouvoir discuter… vous imaginez le tableau ?!! A cela il faut ajouter le bruit petaradant de certains vehivules, les klaxons incessants, la cacophonie des mosquees, la fumee, la poussiere, les images qui defilent a 100 a l heure ! Stop ! Besoin de reprendre le souffle et de digerer !
La route qui relie le Pakistan a l Inde est justement deserte, avec un traffic quasi-nul. Quand est-ce que ces deux pays qui jadis n en faisaient qu un vont se reconcilier ?
L arrivee en Inde, a Amritsar, est d une paisibilite bien agreable : calme, beaucoup de velos, vert tendre des rizieres. Les hommes, des sikhs, aux turbans tous plus colores les uns que les autres nous montrent leurs plus beaux sourires derriere leurs barbes et leurs moustaches bien entretenues…
La route continue est direction de Chandigarh, puis du Nepal !
PS : on a charge quelques photos en plus…
Coucou, les vacances sont terminées, l’heure de la rentrée a sonné à PLELO, la routine est de retour. Fort heureusement nous avons deux sympas voisins qui nous font partager leurs “grandes vacances”… Merci beaucoup et bonne route.