nous n avons pas beaucoup d argent, mais beaucoup d amour

… C est ce que nous a dit un bangladais qui consacrait une partie de son temps a aider les plus pauvres.
Dans les campagnes comme dans les villes, ce qui nous affole le plus, c est de voir des hommes tout maigres lestes de lourds fardeaux, peinant a la tache, le corps tendu au maximum, la sueur degoulinant sur le visage. A chaque jour sa peine, pour un salaire de misere, pour la survie. Il restera du Bangladesh quelques visages pour hanter nos pensees… Celui du conducteur de velo-rickshaw, un vieil homme au regard vide, hagard, extenue. Machinalement, il dit oui a tout, mais ses jambes ne tournent plus. Le visage d une femme completement decharnee. Elle dort sur le trottoir jour et nuit. Quand elle a un peu de force, elle implore du regard les passants pour avoir un peu d argent ou de nourriture… Silhouettes peuplant les trottoirs, les plus pauvres des pauvres, quel avenir pour leurs ribambelles d enfants ?
Mais pour tous ceux qui peuvent se le permettre, la generosite et l entraide sont des valeurs humaines capitales. Des que nous sommes arrives au Bangladesh, on nous a tres souvent invites a boire un the, des gens s arretaient sur la route : Do you need help ? What can I do for you ? Dans certains cafes internet, on ne nous a pas fait payer, because you are our ghests. Combien de mains a serrer, juste pour parler quelques minutes !!
Bon il faut quand meme preciser qu a chaque fois c est a Gael qu on s adresse. Puis invariablement arrive la question qui tue : Et elle, c est qui ? – C est ma femme. Et invariablement, enfin, les hommes se tournent vers Caro et daignent la regarder avec un immense sourire de soulagement… Pays musulman pour le meilleur et pour le pire…

Les touristes etrangers ne sont pas foule par ici et a chaque fois que nous nous arretons, cela cree de gros attroupements. Des dizaines de bangladais nous encerclent rapidement et nous regardent curieusement, guettant chacun de nos gestes pourtant ordinaires : manger des chips, peler une pomme, boire de l eau. Les pause-dejeuner peuvent parfois devenir oppressantes et peu reposantes, mais quelle seance cinema pour les locaux !

Le Bangladesh est un petit pays, mais la route evolue dans des regions tres differentes, meme si l eau reste toujours leur point commun, qu elle soit douce ou salee.
Dans certaines regions, nous sommes frappes par d immenses etendues d eau, inondant champs, cultures, poteaux electriques… Quand on sait que la saison des inondations a lieu aux mois de juin et juillet, cela a de quoi devenir effrayant. Des qu un bout de terre depasse de l eau, il est cultive. On voit hommes et betes aller aux champs, les chevilles enfoncees dans la boue. Suivant les endroits, une, deux ou trois recoltes de riz sont faisables par an.
La campagne est parsemee de tres nombreuses briqueteries et il n est pas rare d y voir les travailleurs se deplacer au pas de course, sous l oeil vigilant d un contremaitre. Parmi les ouvriers, tout comme pour les travaux des champs, on apercoit frequemment des enfants. Education et alphabetisation sacrifiees pour un salaire de plus dans la famille…

Aux alentours de Srimongal, on retrouve de nombreuses plantations de the et on en profite pour aller visiter une usine de transformation des feuilles en the. C est tres rapide, en moins de 24 heures, apres plusieurs phases de sechage. Mais les conditions de travail sont la encore assez precaires. Hommes et femmes d un certain age sont plies en deux ou accroupis a longueur de journee pour effectuer leurs taches.

A Chittagong, enfin, on revoit la mer : l ocean indien ! L horizon est rempli de cargos, bateaux de peche, petits ferrys, barques en tous genres. A la plage, il y a des chevaux, des quads, des petis bateaux, des vendeurs de boissons et de cartes postales… mais pas un chat a se baigner, a part un couple d amoureux : lui a garde son pantalon et T-shirt, elle son shalwar kameez (tenue traditionnelle portee par les femmes pour cacher leurs formes).
A quelques kilometres de la, une centaine de chantiers de demantelement de bateaux se cotoient. Tankers et cargos arrivent des mers et oceans les plus lointains : ils lancent les gaz une derniere fois pour venir s echouer dans la vase. En l espace de trois mois, ils seront mis en pieces par des hommes s activant non-stop jour et nuit : travail de forcat, travail de fourmi, pour s attaquer a ces molosses d acier.

La route continue pour aller aux confins de la Birmanie. Dans cette zone de collines, on croise des populations tribales : jeunes femmes portant des dessins blancs sur le visage, femmes plus agees fumant la pipe ou des cigarillos en allant aux champs. Sur les petites iles du lac Kaptai, on trouve quelques monasteres bouddhistes et des moines en train de jouer au cricket. Envie d arreter le temps, de se poser plus longtemps, ici…

La transition ne se fait pas d un coup, mais l arrivee a Dhaka est plutot brutale. Il y a trop de monde. Partout. Ca grouille, ca se bouscule, ca se cogne a tout prix pour passer. Dams la rue, c est chacun pour soi. Les chauffeurs de bus, tuk-tuk, rickshaws, voitures ne se laissent gratter d aucun centimetre et les pietons sont bien en galere pour traverser les rues dans ce chaos ambulant.
C est avec un pincement au coeur et deja de la nostalgie que nous quittons ce pays attachant et tous ceux qui nous ont accueillis, Radjiv, Russell, Mostafa, Jens et tant d autres.
Nous quittons Dhaka pour un vol vers le royaume de Siam. A l aeroport, la compagnie bangladaise ne nous fait pas payer nos 40 kilos supplementaires. Un peu apres, au bureau de l immigration, le douanier nous offre un gateau… Tout simplement incroyable, insolite… et plein d amour !!

2 commentaires à propos de “nous n avons pas beaucoup d argent, mais beaucoup d amour”

  1. Formidables rencontres et partages pour nous merci beaucoup
    Si un jour vous voulez donner des photos pour la recherche d’une maladie myopathe “Vaincre l’Alpha” je vous mettrai l’adresse
    Bises et bonnes découvertes Anne Marie et Michel

  2. BONJOUR BONNE ET HEUREUSSE ANNER 2011 !!!

    J’ai regarder votre site. Il est bien. Les video sont bien et les photos aussi. J’espère que tout va bien pour vous. bonne route.
    QUENTIN JEGOU

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