o temps, suspends ton vol !

Fermez les yeux cinq minutes, imaginez la mer toute bleue qui brille, bordee de sable blanc et d une frange de cocotiers. Les premieres sensations sont delicieuses, surtout quand ca faisait des semaines qu on en revait ! Quand les pauses-bananes se transforment en baignade ou qu une plage est suffisamment deserte pour planter le bivouac, c est le bonheur assure ! Ajoutez a cela les reveillons de Noel ou du 31/12, les pieds dans le sable, a deguster cocktails, crevettes ou crabes cuisines au poivre vert dans une sauce a l huitre… C est qu on oublie vite qu on voyage a velo ! Parenthese hors du temps pour deux semaines au bord de l eau.
Et pourtant, a Sianoukville, difficile de se laisser completement aller sur nos transats quand on est regulierement abordes par des estropies a qui il manque les deux mains, un bras ou encore les deux jambes. Quand l histoire du Cambodge nous rattrape, notre regard se perd dans les vagues pour quelques instants. Deboussoles, impuissants, nous devenons vite honteux d etre si bien installes quand ces mendiants plantent leur regard dans le notre avec un grand sourire desarconnant. De nombreux villages de pecheurs succedent aux hotels luxueux du bord de mer. Les femmes reparent des filets de peche, des cabas qui debordent de poissons sont transportes sur de petites motos, des milliers de crevettes sont mises a secher sur le bord de la route. Deux mondes qui s entrechoquent au bord de l ocean indien.

Ce mois au Cambodge est particulierement charge en retrouvailles et nous posons les velos dans un coin pour trois semaines pour en profiter. A la mi-parcours de notre voyage, c est avec beaucoup de joie et d emotion que nous retrouvons amis et famille, de quoi bien recharger les accus pour la suite !

Dans son livre Le Papillon de Siam, Maxence Fermine nous avait fait rever de la decouverte des temples d Angkor dans les annees 1860. Cette cite riche et majestueuse etait alors noyee sous une vegetation luxuriante, les racines des arbres envahissant pierres, sculptures et fondations des batiments… `Tant de tresors que la nature a derobes aux regards des hommes pendant de nombreux siecles…. Une ville a la fois minerale et vegetale…Cite de silence et de mystere`. Il reste encore aujourd hui quelques temples a la beaute decuplee par l enchevetrement de racines autour de leurs portes, l encadrement des fenetres ou dans de nombreux recoins.
Notre imaginaire divague dans le lointain. On se prend a rever qu on aurait pu naitre un siecle plus tot et explorer alors un monde ou tout restait a decouvrir, ou le mot `uniformisation` aurait ete incongru. Allez… non, les chinois n ont pas encore construit des autoroutes partout (mais c est pour bientot !); oui, il reste encore des hommes et des femmes qui portent de fabuleuses tenues traditionnelles dans la vie de tous les jours (il faut bien chercher, mais je peux vous donner leur numero de telephone portable…); oui, le Cambodge fourmille de moines bouddhites aux robes orange flashy et qui se protegent du soleil sous des parapluies assortis. Ils font le tour des maisons tous les matins et attendent que les gens leur offrent nourriture, boisson ou argent avant de les benir. Leur echange est tres rapide, froid sans un regard ni un sourire. Nous sommes a chaque fois stupefaits et ahuris devant le spectacle, mais comme chacun le sait, les voies du Seigneur sont impenetrables !

Le temps passe vite quand on est en bonne compagnie, mais c est quand meme avec beaucoup d enthousiasme et d envie que nous reprenons les velos pour quelques tours dans la campagne du pays. C est calme, paisible et bien cool ! Les cambodgiens sont adorables et leurs sourires irresistibles. Les enfants rameutent tout le quartier en nous criant de joyeux `hello !`.
Quelques images reviennent regulierement : des maisons sur pilotis sous lesquelles des hamacs se balancent a longueur de journee; des cochons et porcelets qui sont transportes dans des nacelles en osier sur les porte-bagages des mobylettes; des parties de petanque qui se jouent a l ombre des manguiers ou des tamarindiers; des baguettes et vins rouges francais qui se vendent aux memes rayons que les yaourts au mais ou les fruits du dragon; des fournees de paysans aux chapeaux pointus transportes dans la remorque tiree par une petite moto; des bouquets de dizaines de poules ou canards vivants accroches par les pattes, la tete en bas et toujours transportes sur les petites motos; deux cyclos equippes de boules quies et qui essayent en vain de trouver le sommeil sous la tente : la campagne regorge de maisons qui crachent fort une musique pop-rock jusque tard dans la nuit (La premiere fois, on a cru qu il y avait un anniversaire, la deuxieme fois, on a commence a se poser des questions, quant aux fois suivantes…) et elle regorge aussi de temples bouddhites qui crachent fort une petite musique jouee par des xylophones a partir de 4h00 du matin (delicieuse la premiere fois, assomante les fois suivantes !…). On veut dormir !! Tu m etonnes qu ils font des siestes a longueur de journee dans leurs hamacs !!

Nous sommes maintenant a Kratie, au bord du Mekong et nous prevoyons de remonter le fleuve jusqu a Vientiane, la capitale du Laos. Un nouveau pays a decouvrir, poste-frontiere dans quatre jours… et zou !!

2 commentaires à propos de “o temps, suspends ton vol !”

  1. Hello !!!

    Bonne Annee !!!! Tres sympa d’avoir de vos nouvelles et de voir que vous re-attaquer la route avec entrain !

    Apres la douane, arretez vous aux 4000 iles (Don Det). Vous pourrez j’en suyis sur y dormir en paix !

    Bisous vietnamiens !
    Pierre et Sev.

  2. C’est avec un peu de retard que je vous souhaite une bonne année 2011, mais je sais déjà qu’elle sera pour vous inoubliable.
    Je lis toujours avec autant de plaisir vos récits de voyage.
    Merci pour ces moments de bonheur que vous nous faites partager.

Laissez un commentaire